Communiqué – Mise en garde

Le contexte de crise sanitaire limite fortement nos échanges entre apiculteurs. Seules de brèves rencontres lors du point de retrait au dépôt ont encore lieu. Sur ce sujet nous demandons à nos adhérents de bien respecter toutes les consignes car ce mode de fonctionnement est fortement dévoreur d’énergie pour les bénévoles.
Les membres du conseil d’administration et moi-même souhaitons partager quelques informations en cette période cruciale dans le développement des colonies.

La météo reste le critère primordial dans le bon développement des colonies. Pour justifier les propos qui vont suivre voici une observation : « en ce début mai j’ai jeté les dernières pommes de mon fruitier et les abeilles vont dessus ». Ce qui est absolument anormal, elles devraient privilégier le nectar des plantes s’il était là en abondance.

Après le froid et la sècheresse d’avril, suivis d’un début chaotique de mai nous invitons nos apiculteurs à se préoccuper de l’état de leurs colonies. Dans certaines zones du département, les colonies ne paraissent pas manquer de provisions, mais il n’en est pas de même ailleurs. Probablement, en altitude, les gelées d’avril auraient moins affecté la végétation plus en retard dans son développement, avec des colonies également moins populeuses. Certaines années la formule d’apiculteurs « nous avons connu une miellée exceptionnelle auquel on ne s’attendait pas » peut également trouver son contraire par « les abeilles n’ont jamais été en mesure de visiter la floraison des pissenlits » (par exemple).

  1. Lorsque les colonies au printemps rencontrent des problèmes de nourriture, il n’est pas rare que des soucis sanitaires apparaissent. Sont particulièrement à craindre le couvain plâtré, la loque européenne, etc… Pour rappel le N° de la plateforme OMAA : 04 13 33 08 08, c’est gratuit et cela peut être une aide précieuse.
  2. Le manque de nourriture peut conduire de manière exceptionnelle à la mort de la colonie, mais le plus souvent à un affaiblissement propice au développement des problèmes sanitaires (§a). Ici il n’est pas question de donner une recette universelle. Ceux qui ont un doute sur les provisions, soit apporteront un complément de façon systématique, soit investiguerons leurs corps de ruche pour un nourrissement proportionné au besoin. Lorsque l’on possède moins de 10 colonies si l’on suspecte sans certitude, en raison de faibles connaissances et d’analyse insuffisante, un manque de provisions on pose à minima 2.5kg, voire 5kg de pâte sur le nid à couvain. On peut également donner du sirop, mais vous avez compris depuis longtemps que j’ai une forte aversion pour son emploi, surtout juste avant de potentielles miellées. Si vous cueillez un essaim mettez toujours à sa disposition de la pâte.

Il ne nous est pas remonté dans le Cantal de signalement de pertes massives de colonies à la sortie de l’hivernage. Elles devraient se situer en 10 et 20%, ce qui est déjà beaucoup, mais l’on finit par s’y habituer. Malheureusement.

L’essaimage ne semble pas être encore très présent. Pour ma part je n’en ai pas encore observé, alors que l’an passé il avait démarré à mi-avril et s’était poursuivi fort longtemps. Souvent après une période maussade comme ces jours ci au retour de la chaleur de nombreuses colonies populeuses libèrent un ou plusieurs essaims. Même celles qui ont des reines jeunes.

Une observation pour étayer le fait qu’il n’y a pas de loi universelle en apiculture. Le 8 mai j’interviens sur un rucher d’une quinzaine de colonies. Un essaim est entré dans une ruchette piège. Je recherche la reine qui n’est pas encore en ponte. Bizarre elle n’est pas marquée, alors que toutes les colonies visitées ne laissent pas apparaître un affaiblissement de population. Je fini par ouvrir une ruche que j’avais divisé un mois plus tôt. Peu populeuse ! Cette division s’était donc encore divisée d’elle-même. Je n’avais jamais observé cela ni relevé un cas similaire dans la littérature apicole.

Les apiculteurs ayant divisé des colonies, ou lancé des élevages de reines devront être très vigilants sur le résultat de leurs actions. Ponte de la reine plus particulièrement à surveiller. Dans mes divisions j’ai relevé des échecs avec notamment des désertions d’abeilles.

Christian CARRIER
Président du syndicat des apiculteurs du Cantal